3. De la pensée systémique au design numérique

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1. Origine de la pensée systémique

L’approche systémique émerge à la fin des années 1960, influencée par des courants comme la cybernétique et la théorie générale des systèmes, développée notamment par Ludwig von Bertalanffy. Par la suite, plusieurs disciplines s’approprient cette vision, notamment les sciences humaines avec l’école de Palo Alto, mais aussi l’écologie ou la biologie, qui s’intéressent aux interactions complexes au sein des systèmes vivants.

La pensée systémique devient ainsi un champ interdisciplinaire centré sur l’analyse des dynamiques et des interrelations propres aux systèmes.

Quelques repères historiques :

●  1968 : Ludwig von Bertalanffy publie La Théorie générale des systèmes, texte fondateur de la pensée systémique.

●   1972 : Le Rapport Meadows, The Limits to Growth, rédigé par une équipe du MIT (dont Donella et Dennis Meadows), alerte sur les limites planétaires d’un développement sans fin.

●   1953–1968 : La pensée systémique est intégrée à l’enseignement de la Ulm School of Design, en Allemagne.

●   Années 1950–1970 : L’école de Palo Alto, aux États-Unis, applique une approche systémique aux sciences humaines, notamment à la communication et à la psychologie.

2. Naissance du design systémique

L’approche systémique propose de sortir d’une vision linéaire, en s’attachant à comprendre la globalité d’un système et en considérant les composantes, relations ou schémas à l’œuvre.

Couplée à la pratique du design, l’approche systémique offre une compréhension holistique d’un contexte, d’une problématique, pour s’engager dans une transformation durable de nos modèles existants. Le design systémique propose un nouveau paradigme combinant les concepts de la pensée systémique et du design thinking.

3. Une nouvelle étape d’évolution dans la pratique du design : d’un design centré utilisateur au design centré sur les systèmes

La conception systémique permet d’aller au-delà d’une vision anthropocentrée pour comprendre toutes les composantes d’un système, en cartographiant ses composantes, puis en examinant les relations entre elles et en identifiant des motifs générant une problématique. L’objectif est ainsi d’identifier des points d’actions permettant de repenser, de créer, et de transformer les systèmes existants à une plus grande échelle.

La conception systémique représente une évolution des pratiques de design.

●  Dans le champ de l’interaction homme-machine (IHM), entre les années 1960 et 1980, la démarche de conception se concentrait essentiellement sur le produit lui-même, en mettant l’accent sur ses aspects techniques et fonctionnels, avec une implication limitée des utilisateurs.

●  Ce paradigme a évolué avec l’émergence de la conception centrée utilisateur (années 1980–2000), qui a privilégié l’ergonomie, l’accessibilité et les retours des utilisateurs.

●  Par la suite, la conception centrée sur l’humain (1990–2010) a élargi cette approche en intégrant les dimensions sociales, culturelles et contextuelles, afin de favoriser une meilleure expérience utilisateur et un bien-être accru.

●  Cependant, cette vision anthropocentrée atteint aujourd’hui une limite par le manque de prise en compte des impacts indirects ou non intentionnels, en particulier en matière de durabilité.

●   C’est dans ce contexte qu’émerge, depuis les années 2010, une approche de design systémique, qui s’efforce d’intégrer des échelles plus larges – comme les systèmes sociaux, organisationnels et environnementaux – pour concevoir de manière plus responsable et holistique[1] .

4. Les étapes clés du design systémiques et freins actuels à son application

Le design systémique tel que présenté par … est proposé sous forme de 7 étapes clés :
 
1. Cadrer le système ;
2. écouter le système ;
3. comprendre le système ;
4. définir l'avenir souhaité ;
5. explorer l'espace des possibilités ;
6. concevoir le modèle d'intervention ;
7. favoriser la transition.  

Ces 7 étapes représentent une méthodologie dite “avancée” du design systémique demandant aux designers de repenser globalement leur approche de conception. Celle-ci semble trop exhaustive pour venir s'insérer dans les processus de conception des designers, demandant une adaptation.

Intégrer l’approche systémique a de nombreux avantages dans la conception de services numériques, notamment par une demande plus grande de prendre en compte l’impact environnemental et social du numérique.

La systémie permet ainsi d’alimenter des initiatives actuelles comme :

●      La loi REEN (loi visant à Réduire l'empreinte environnementale du numérique) ;

●     Les démarches de Labellisation Numérique Responsable ;

●      Le RGESN (thématique stratégie) et le RGAA ;

●      Ou encore les dispositifs de bilan carbone ou d’analyse de double matérialité.

Cependant, cette approche est encore complexe à intégrer dans le contexte professionnel, plusieurs facteurs étant à prendre en compte :

●      Le design systémique apparaît être une approche complexe, avec beaucoup d'outils qui nécessitent un temps d'apprentissage long.

●      Les designers ne sont pas outillés pour appliquer la systémie, appliquer les outils de systémie requiert un minimum de formation.

●      Un manque de temps pour s'intéresser à l'analyse des systèmes et des impacts dans la conception des services numériques actuels

●      Une approche en dehors des attendus et missions des designers en entreprise ou en agence et des solutions qui ne sont pas toujours du spectre UX

●      Une approche qui demande la construction d'une équipe pluridisciplinaire composée de décideurs, designers, spécialistes environnement, chefs de produits, expert technique