Guide Concevoir pour les personnes déficientes visuelles

2. Définir le besoin

Un site internet est rarement la solution la plus accessible pour les personnes déficientes visuelles. Quand bien même ce serait la solution retenue, le cadrage peut prévenir un certain nombre de dérives en amont en venant poser un périmètre au produit et des garde-fous.

Sur la phase de cadrage, nous avons cartographié les externalités positives et négatives de notre service, qui sont venues alimenter les items de notre feuille de route. Découvrir le retour d'expérience de l'atelier systémie

a. Identifier le service numérique pertinent

Site web, application native, infolettre, envoi de SMS… Le service numérique qui répond le mieux au besoin des utilisateurs n'est pas toujours celui que l'on croit.

Si le téléphone est probablement le mode de communication à distance le plus accessible pour les personnes déficientes visuelles, nous n'avons pas toujours la possibilité de mettre en place un standard téléphonique.

Example

Une infolettre plus inclusive qu'un site web

Lors de la recherche utilisateur sur le Portail de l'audiodescription, quasiment tous les utilisateurs étaient intéressés par la mise en place d'une infolettre, nettement plus simple à naviguer qu'un site web.
Son taux d'ouverture de plus de 60% confirme cet intérêt. Évidemment il convient qu'elles soient accessibles et peu fréquentes.
Évidemment il convient qu'elles soient accessibles et peu fréquentes.
« Avec un lecteur d’écran si elle est bien faite, c’est comme un podcast ! »
« J’en reçois souvent et je regarde à chaque fois. »
« Il existe trop de sites sur terre pour passer tout son temps à aller régulièrement se mettre à jour dessus. »

Infolettre du portail de l'audiodescription récapitulant les films gratuits à visionner chaque semaine

b. Éviter la connexion obligatoire

Les personnes déficientes visuelles passent en moyenne beaucoup plus de temps pour effectuer une démarche. La moindre barrière à l'accès au contenu complexifie et ralentit énormément la navigation. 

Par exemple, pour acheter un livre numérique :

Graphique montrant que 73% des utilisateurs ont réussi à mener une recherche de livre numérique, 63% à acheter un livre numérique, 50% à s'inscrire sur le site de vente, 40% à payer, 20% à télécharger le livre et 17% à l'ouvrir.
Seuls 50% des utilisateurs ont réussi à aller jusqu'à l'inscription.

Pour un parcours d'achat ou d'accès à un contenu, il est recommandé que la connexion ne soit pas obligatoire.

« Moi ce qui me gêne particulièrement c’est qu’à chaque fois on nous demande des numéros de téléphone, des mots de passe… »

Utilisatrice aveugle

c. Éviter les cookies

La stratégie de collecte des données utilisateurs conditionne le développement du service. Il convient donc de la penser en amont en s'imposant notamment un site sans données personnelles collectées.

Les bandeaux de cookies sont extrêmement pénibles pour les usagers déficients visuels : pas toujours accessibles, charge cognitive en plus… Il est fortement recommandé de s'en passer en :

  • évitant la collecte de données personnelles via des solutions de suivi d'audience avancées comme Google Analytics ou Contentsquare
  • évitant le recours à des service-tiers qui en embarquent : Youtube, Linkedin, Facebook, Google Fonts, Google Maps, Intercom…

« Il n’y a pas de cookies ? En ce moment j’en ai une indigestion. Ils m’embêtent (pour être très poli) avec leur cookies. »

Utilisateur aveugle

Alors que peut-on faire ?

  • Définir les données réellement nécessaires à l'amélioration du site
  • Collecter des données de navigation de façon anonymisée via des solutions comme Matomo ou Plausible
  • Demander d'accepter le dépôt de cookie au moment d'utiliser le service tiers, par exemple le lecteur vidéo

d. Éviter la géolocalisation

À l'arrivée sur certains sites, notamment de grande distribution, on peut nous demander l'accès à notre position, dans un souci plus ou moins réel de faciliter notre navigation. L'accès à ces informations doit se faire avec parcimonie, tant d'un point de vue environnemental que de l'accessibilité.

En effet à l'arrivée, naviguer à l'oreille peut générer beaucoup de confusion sur ce sur quoi on se trouve : bandeau de cookie, inscription à la newsletter, chat avec un salarié ou chatbot, alerte du moment… Autant de modales venant se mettre entre l'usager et le site auquel peut venir se rajouter la géolocalisation.

« Je vais sur Google Chrome et je vais taper Portail de l’audiodescription. “Attention, ce site a accès à votre position." »

Utilisatrice aveugle

L'utilisatrice ne sait pas qui a accès à sa position (ici Google et non Portail de l'audiodescription) et pourquoi. C'est une complexité supplémentaire décourageante.