Guide Concevoir pour les personnes déficientes visuelles

1. Introduction

Avant de concevoir pour les personnes déficientes visuelles, il est bon de comprendre leurs profils, leurs problématiques et leurs modes de navigation.

a. Différents types de handicap visuel

Les personnes déficientes visuelles sont des personnes ayant un handicap visuel partiel (malvoyance) ou complet (cécité). 

90% des handicaps visuels sont apparus à l'âge adulte. Comment ? 

  • Névrite optique : causée par la sclérose en plaques, le lupus, la maladie de Lyme, la vascularite…
    "Le handicap varie selon les jours. Parfois je peux lire parfaitement, et parfois il faut agrandir le texte en 200%."
  • Vision tunnelisée : causée par la rétinite pigmentaire, le glaucome, la cataracte…
    "Je ne vois que au milieu. Je regarde sur ma tablette essentiellement. Si je me mets loin ça va. Mais sur une télévision ou au cinéma, je vois rarement tout l’écran. Je n’ai pas de vision du relief. Le cerveau n’a pas le temps d’interpréter les images trop rapides non plus."
  • Irradiations pour soigner un cancer :
    "J’ai été greffée de la moelle osseuse il y a 40 ans et comme j’ai eu une irradiation corporelle totale j’ai plein d’effets secondaires. A la base j’avais les yeux secs. Depuis une douzaine d’années j’ai des cancers de la peau qui touchent la cornée. Avant j’écrivais en gros mes notes au marqueur, j’arrivais à zoomer avec ma souris. Depuis quelques mois, j’ai vraiment perdu, ça revient pas. Je vois d’un œil, comme si je regardais avec des jumelles mais c’est flou. Je perds la vue centrale à gauche et à droite.”
  • Maladies génétiques : 
    • Rétinite pigmentaire : perte progressive de la vision nocturne, puis périphérique, puis centrale jusqu'à la cécité. 1 personne sur 4000 en France. 1ère cause de cécité dans les pays développés.
    • Amaurose congétinale de Leber : maladie génétique rendant quasi-aveugle
  • Cataracte : "peau" blanchâtre venant se former sur le cristallin, première cause de cécité dans les pays en développement. Elle est causée par la vieillesse, l'exposition aux UV-B sans lunettes de soleil, les corticoïdes… La cataracte est souvent facilement opérable.
  • Glaucome : maladie dégénérative du nerf optique liée à une pression intraoculaire élevée.
  • Diabète non détecté

La déficience visuelle peut avoir de multiples origines selon que la cause se situe au niveau du nerf optique, des photorécepteurs, du cristallin… 

Les résidus visuels des personnes malvoyantes sont donc extrêmement variables :

  • Certaines personnes ne voient plus que la couleur et les formes quand d'autres ne les voient plus.
  • Certaines personnes ne voient qu'en zoomant fortement quand d'autres avec la vision tunnel ne voient qu'une petite zone au milieu de leur champ de vision et sont donc gênées par le zoom.
  • Certaines personnes préfèrent un mode sombre mais d'autres voient mieux avec un fond clair.

Alors comment faire pour que tout le monde s'y retrouve au mieux ? C'est possible en suivant des bonnes pratiques décrites dans les pages suivantes.

b. Profils des personnes déficientes visuelles

On estime à environ 2 millions le nombre de personnes déficientes visuelles en France (DINUM), voire même 3,3 millions d'après l'INSEE.

Des personnes âgées mais des internautes plus jeunes

Les personnes déficientes visuelles sont majoritairement âgées (40% ont plus de 75 ans vs 11% de la population française).

Pour autant, un nombre non négligeable de la population active est concernée par ce type de handicap : 2% des 15-64 ans déclarent une limitation ou ont une reconnaissance administrative visuelle sévère. 

Tableau - Fréquence d’utilisation d’internet selon l’âge (étude Homère 2023)

Fréquence 16-29 ans 30-59 ans 60-74 ans 75 ans et plus
Tous les jours ou presque. 89 % 86 % 72 % 40 %
Au moins une fois par semaine. 3 % 7 % 9 % 7 %
Quelques fois par mois. 2 % 2 % 9 % 5 %
Quelques fois par an. 1 % 1 % 1 % 4 %
Jamais. 4 % 4 % 10 % 45 %

À noter que ce sont les personnes les plus jeunes qui utilisent le plus le numérique. Si 89% des personnes déficientes visuelles de 16-29 ans vont tous les jours sur internet, seulement 40% des plus de 75 ans y vont (vs 69% des plus de 70 ans dans la population française dans son ensemble).

Des grands utilisateurs de l'ordinateur

65% des plus de 16 ans présentant une déficience visuelle utilisent internet tous les jours ou presque (vs 82% dans l'ensemble de la population française). Mais les répondants aveugles sont en proportion significativement moins nombreux que les répondants malvoyants moyens à y aller quotidiennement.

A noter que les personnes déficientes visuelles utilisent significativement plus l'ordinateur que le smartphone en comparaison à l'ensemble de la population française. 80 % des répondants à l'enquête Homère de 2024 utilisent un ordinateur comme matériel informatique principal pour naviguer sur le Web.

Des grandes inégalités de situations

Mais ces observations cachent une grande disparité de situations.

Plus le handicap est arrivé tôt, plus l'usage du numérique est élevé. 90% des répondants qui ont acquis leur déficience visuelle avant 10 ans utilisent internet vs 73% pour ceux ayant acquis entre 20-24 ans par exemple.

Plus le handicap est lourd (cécité complète), plus l'usage du numérique est faible. Les répondants aveugles sont en proportion significativement moins nombreux que les répondants malvoyants moyens à utiliser internet tous les jours ou presque, et ils sont aussi en proportion significativement plus nombreux que les répondants malvoyants sévères et moyens à ne jamais y aller. 

Les personnes déficientes visuelles sont de milieux plus modestes, variable corrélée à l'exclusion numérique. En effet, 27,8 % vivent sous le seuil de pauvreté soit 2 fois plus que le taux national (niveau de vie annuel médian de 15 000 € vs 20 500 € sans handicap). Cela est dû à un deux facteurs :

  • Les milieux plus modestes sont plus touchés par le handicap. Les ouvriers sont 2x plus touchés que les cadres. 
  • Le handicap est un facteur d'exclusion des études supérieures et du monde du travail. 50% des personnes déficientes visuelles sont au chômage.

Or les personnes les plus modestes sont celles qui rencontrent le plus de difficultés avec le numérique : 
si 45% des Français rencontrent des freins à l’utilisation des outils numériques, ils sont 57% chez les bas revenus.

Selon son milieu social d'origine, l'âge auquel le handicap est arrivé et l'incapacitation qui en résulte influencent grandement l'aisance numérique.

c. Problématiques rencontrées

Malgré la diversité des situations, les personnes déficientes visuelles rencontrent des problématiques similaires dans différentes facettes de leur vie :

Des services numériques de plus en plus complexes

« On fait beaucoup de discours sur l’accessibilité, il y a plein de bonnes intentions, mais je ne sais pas si c’est les développeurs qui ne suivent pas… Je ne suis pas dans la dernière génération… Je suis un peu découragée. Je ne sais plus quoi faire. Mon téléphone ne marche plus. Tout se cumule un peu. Ce qui manque pour nous, c’est la simplicité. Tout est de plus en plus compliqué dans les démarches, sur les sites. »

Utilisatrice malvoyante

Les écrans tactiles qui remplacent les boutons

« iPhone. SE 22. Apparemment c’est le dernier où il y a le bouton en bas pour revenir à la page d’accueil ! C’est dommage qu’ils enlèvent ça. On fait des pas en arrière pour l’accessibilité. »

Utilisatrice aveugle

« Je vois les micro-ondes parlants ils sont à 300 voire 500 € alors que dans le commerce classique ils sont à 50 €. Il suffirait d’un point, un changement de texture au niveau des boutons… Là c’est quand il y a des boutons ! Plus ça va, plus c’est tactile. »

Utilisatrice aveugle

La dépendance aux aidants et autres tiers pour le paramétrage des appareils

« J’ai l’appli FranceTV mais je sais pas m’en servir. Quand je suis sortie de l’appli ça parlait toujours ! De temps en temps j’appelle le SAV Apple mais il y a 1 personne sur 6 formée à la synthèse vocale. En plus en Lozère il n’y a pas d’associations pour les déficients visuels donc je fais tout par téléphone. »

Utilisatrice aveugle

« C’est affreux. C’est l’informatique. Ca marche pas. On doit supposer pourquoi ça ne marche pas. S’il n’y a pas de gens à côté de vous pour vous aider, vous êtes coincé. »

Utilisateur aveugle

La solitude dûe à l'exclusion et au chômage

« La solitude c’est un truc très dur à supporter. Ça peut tuer aussi. Les personnes déficientes visuelles ne trouvent pas de travail et ne sont pas vraiment insérées dans la société comme il faut. Quand tu n’as pas de travail, socialement, tu perds aussi des repères. »

Utilisatrice aveugle

En tant que designers de services, il est important de ne pas venir renforcer cette exclusion par des services numériques superflus ou inaccessibles.

d. Technologies d'assistance

Les technologies d'assistance sont des outils, ici numériques, permettant d'aider à la lecture du contenu et à la navigation malgré son handicap. Formidables outils d'insertion, elles ajoutent aussi de la complexité car il faut connaître leur existence, les installer voire les acheter, les paramétrer pour son usage, apprendre à s'en servir, les utiliser correctement, étant ainsi une barrière supplémentaire pour de nombreux usagers.

« Je n’ai vraiment aucune appétence avec l’informatique. Il faut retenir des raccourcis clavier et beaucoup tâtonner. Je travaille toute la journée avec l’informatique. Je suis juriste. Tout est compliqué tout le temps. »

Utilisateur aveugle

A noter que 25% des personnes malvoyantes et aveugles n'utilisent aucune technologie d'assistance, et cela monte à plus de 30% chez les plus de 60 ans.

Écran très proche

Lorsque sa vue baisse, la façon la plus simple de s'adapter est de se rapprocher fortement de l'écran.

« Je vois très très mal. Il faut que je me rapproche très fortement de l’écran. Quand il y a des sous-titres au cinéma, le temps que je lise les 2 premiers mots, j’ai déjà 3 répliques de retard. »

Utilisatrice malvoyante

Cette stratégie d'adaptation signifie également le recours à de grands écrans comme les tablettes plutôt que les smartphones pour naviguer sur un site.

« Je regarde plutôt sur la tablette car je vois un peu les images. Sur le téléphone c’est trop petit. Je suis incapable de lire quoi que ce soit. »

Utilisatrice malvoyante

Pour les personnes ayant un résidu visuel, cela peut aider à repérer les images et les éléments cliquables.

« J’arrive pas à lire. Je peux voir des couleurs, des formes, tout ça. De très près. J’approche beaucoup le téléphone. Quand je veux voir quelque chose de précis, je prends une photo et j’agrandis de façon à voir. »

Utilisatrice de 18 ans qui navigue en collant le smartphone à son oeil et en cliquant avec son nez ou son doigt selon les cas

Agrandissement

Il existe différentes façons d'agrandir le contenu d'un site :

  • Zoom : en zoommant dans le navigateur par exemple, la page, si elle est responsive, va s'adapter à la grosseur du texte.

« Je passe mon temps à zoomer et dézoomer. »

Utilisatrice malvoyante
Accueil du site Portail de l'audiodescription zoomé à 200%
Accueil du site Portail de l'audiodescription zoomé à 200%
  • Loupe ou Survol de texte : sous mon curseur, j'ai une zone zoomée sur le contenu comme une vraie loupe. La loupe peut permettre, pour les personnes malvoyantes, de naviguer sur un site non accessible au clavier.
Agrandissement du texte "Portail de l'audiodescription" au survol du curseur
Le curseur survole le texte "Portail de l'audiodescription" qui s'agrandit.
  • Grossissement des textes : dans les paramètres d'affichage de mon appareil ou de mon navigateur, je peux régler les tailles des textes à 200% uniquement par exemple. Si le site est correctement responsive, le rendu sera comme le Zoom.

Les personnes déficientes visuelles n'hésitent pas à utiliser plusieurs de ces mécanismes selon le contexte.

« J’utilise beaucoup le lecteur d’écran parce que ça me simplifie la vie. Mais sur les sites internet, ça peut être fastidieux donc je vais passer en mode agrandissement. Je jongle entre les deux en fonction de ce que j'ai à faire. »

Utilisateur malvoyant

Inversion des couleurs

De nombreuses personnes malvoyantes sont photosensibles : le mode clair est pour elle insupportable, comme regarder d'un coup un écran avec la luminosité à fond alors qu'on était dans le noir.

Même lorsque le mode sombre n'est pas disponible sur les sites, il est possible de le "forcer" depuis son ordinateur. Ainsi le fond sera noir et les textes blancs par défaut. Cela pose bien sûr des problèmes d'affichage pour les contenus à la couleur non modifiable. Par exemple des icones noires au format png restent sombres sur fond noir et deviennent par conséquent invisibles.

Example
Accueil du site Portail de l'audiodescription sur fond noir avec texte jaune et blanc, et fortement zoomé

Inversion des couleurs et agrandissement

Les utilisateurs cumulent souvent plusieurs technologies d'assistance. Ainsi on voit ci-dessous le Portail de l'audiodescription tel qu'un utilisateur le voyait en test. L'inversion des couleurs rend l'icône de flèche à côté de "Découvrir des films audiodécrits" invisibles ce qui perd le côté accordéon pour l'utilisateur. La vue par "loupe" tronque le texte nécessitant ainsi un scroll horizontal pour être lu.

Lecteur d'écran

Le lecteur d'écran est un logiciel qui va interpréter le code de ce qui s'affiche à l'écran pour en restituer une partie sous forme de texte. Ce texte peut alors être lu via une plage braille, être énoncé au survol, ou être intégralement écouté via la synthèse vocale.

Le lecteur d'écran englobe les plages braille et les synthèses vocales.
Illustration de Tamara Sredojevic, post Linkedin

Plage braille

Le braille est un alphabet en points en volume permettant de lire au toucher du doigt. Il faut apprendre la correspondance en braille de chaque caractère ainsi que développer sa sensibilité tactile pour reconnaître les lettres et déchiffrer les mots.

Plage braille devant un ordinateur portable
Une plage braille utilisée avec un netbook. Photographie par Sebastien Delorme.

Il existe différentes sortes de braille : à 8 points dit "intégral" et à 6 points dit "abrégé". Ce dernier, plus dense, permet un gain de place de 30 à 40%.

« Je me suis mis en braille littéraire sur 6 points et tout à l’heure j’étais en 8 points. Avec la navigation au braille, j’ai les curseurs qui me permettent d’interagir plus finement avec le texte. »

Utilisateur aveugle

Seulement 10% des personnes déficientes visuelles maîtrisent le braille. Chez les personnes aveugles, 27% des plus de 16 ans utilisent une plage braille. Les personnes aveugles de naissance connaissent significativement plus le braille que les personnes ayant perdu la vue au cours de la vie. La plage braille est peu utilisée par les personnes malvoyantes.

« Souvent j’ai une main sur le clavier et une main sur la plage braille. J’utilise un peu les deux en même temps. Quand ce sont des textes longs, j’aime bien utiliser le braille. Quand je suis pressée, je vais utiliser la synthèse vocale. »

Utilisatrice aveugle

Synthèse vocale

Les synthèses vocales sont utilisées par les personnes non-voyantes, malvoyantes mais aussi parfois par les personnes ayant des troubles de la concentration ou des difficultés de lecture.

« Je vois encore un petit peu de l'œil gauche. Il y a un brouillard devant. J’ai une impression de lumière, je vois quelques formes. Je navigue entièrement à la voix de synthèse. »

Utilisatrice malvoyante

Il existe différents logiciels de synthèse vocale :

  • ceux gratuits, intégrés par défaut dans les appareils : VoiceOver (iOS et Mac), Talkback (Android), Narrateur (Windows)
  • ceux gratuits et libres : NVDA (Windows), Orca (Linux)
  • ceux payants, notamment utilisés au travail : JAWS (PC)

JAWS et NVDA représentent à eux deux 77% des lecteurs d'écran sur ordinateur (source : étude WebAIM).

Panneau légende de VoiceOver explicitant la bannière sur le Portail de l'audiodescription
Panneau légende de la synthèse vocale VoiceOver

VoiceOver étant intégré gratuitement aux appareils Apple et de bonne qualité, 70% des personnes déficientes visuelles sont sous iPhone à travers le monde (source : étude WebAIM).

Des compatibilités variables entre synthèses vocales et navigateurs

« Même si Chrome et Firefox sont Chromium, c’est différent. Edge est plus compatible avec JAWS. NVDA plus avec Firefox et Chrome. Côté Mac, il y a Safari mais honnêtement VoiceOver est assez limité. Pour travailler avec… »

Utilisatrice malvoyante

Des préférences variables chez les personnes malvoyantes

Certaines personnes malvoyantes préfèrent naviguer avec un lecteur d'écran et d'autres sans, même si elles vont avoir du mal à lire. En effet, la synthèse vocale est fatigante à écouter et peut être difficile à contrôler au début. Les plus à l'aise peuvent jongler entre différentes technologies d'assistance et par exemple n'utiliser la synthèse vocale que pour les textes longs.

Contenu énoncé

La loupe ou survol de texte peut aussi être accompagnée d'une fonction de synthèse vocale : ainsi l'utilisateur peut se passer d'une vocalisation en continu et ne l'avoir que lorsque nécessaire et là où souhaité.

A noter que le contenu énoncé est à la fois le contenu en lui-même (le texte visible, un aria label) mais aussi la sémantique (un bouton est annoncé comme bouton, etc).

Le contenu énoncé peut être utilisé par des personnes avec un faible résidu visuel, permettant de détecter des zones mais insuffisant pour lire.

« Je ne vois pas à droite. Je vois 1/50è à gauche avec un champ visuel réduit. Ça me permet de déplacer la souris sur l’écran mais je ne peux pas lire les textes. »

Utilisatrice malvoyante

Pour aller plus loin :

e. Modes de navigation

Au-delà des technologies d'assistance, il existe plusieurs choix de modes de navigation au clavier et au lecteur d'écran. Les usagers n'ont pas tous les mêmes aisances et préférences en la matière.

De titre en titre

De nombreux usagers assez à l'aise avec l'informatique aiment commencer à balayer le contenu d'une page, à la découverte, en étudiant sa structuration en titres.

« Alors quand je navigue sur une page web j’ai tendance à regarder la structure de la page. Je cherche les régions et les titres. En fonction de si la page est complexe ou non, je vais la parcourir tranquillement. »

Utilisatrice mal-voyante

Une fois le site familier, c'est aussi un moyen de se rendre rapidement à la section souhaitée.

« Quelqu’un qui connaît très bien le site, peut naviguer uniquement entre les titres de niveau 3. »

Usager quasi-aveugle expert en accessibilité numérique

De lien en lien

Une deuxième façon de découvrir un site ou d'en approfondir sa connaissance est de naviguer d'élément cliquable en élément cliquable. Certains préfèrent commencer par là.

« J’ai tendance à parcourir par tab pour aller plus vite quand je ne connais pas du tout. »

Utilisateur aveugle peu à l'aise avec le numérique

D'autres préfèrent scanner la page ainsi après avoir analysé ses niveaux de titres.

« Puis je vais sur la liste des liens. Là je vois qu’il y en a 28 ce qui n’est pas trop. »

Utilisatrice aveugle

Vous pouvez facilement tester ce mode de navigation en allant sur un site et en cliquant sur "tab" sur votre clavier. Un site accessible doit avoir un "focus" visible sur l'élément sur lequel vous vous trouvez.

Accueil du Portail de l'audiodescription avec focus symbolisé en épais contour bleu sur un élément du menu
Le focus du Système de design de l’État est un épais contour bleu.

Linéaire

Après avoir analysé la page par titre et lien, un utilisateur à l'aise peut parcourir le site plus en profondeur, élément par élément.

« Je me mets en haut de l’écran et je descends ligne par ligne, objet par objet…»

Utilisateur quasi-aveugle

Beaucoup d'utilisateurs ne sont pas à l'aise avec le numérique et ne vont naviguer que comme cela.

« Je ne suis pas habitué à utiliser des navigations super structurées (je sais qu’il y a des lettres pour naviguer entre des éléments de formulaire). Je vais plutôt passer élément par élément. »

Utilisateur aveugle

Passage d'un mode de navigation à l'autre

VoiceOver, le lecteur d'écran intégré dans les appareils Apple est réputé bien fait d'où la popularité des iPhone chez les personnes déficientes visuelles. Sur Mac, par un simple racourci, on fait apparaître le "rotor". Le rotor permet de passer d'un mode de navigation à un autre en une touche ou d'un mouvement de pouce sur iPhone.

Ainsi on peut non seulement naviguer par titre ou lien mais aussi :

  • En-têtes
  • Repères : navigation, pied-de-page…
  • Emplacements des fenêtres
  • Tableaux
  • Contrôles de formulaire
Main utilisant le rotor sur un iPhone 13
Le rotor permet de changer de mode de navigation d'un seul geste. Crédit de l'image : Apple

Une navigation complexe

Entre ses propres difficultés avec l'informatique et la faible accessibilité des sites, les utilisateurs les plus patients ou volontaires vont balayer plusieurs fois la page.

« Je parcours plusieurs fois la page car je ne fais pas suffisamment confiance au site pour savoir que je n’ai rien loupé : par paragraphe, par titre, par zone cliquable. »

Utilisateur aveugle

Naviguer avec un clavier, ce n'est pas intuitif et cela nécessite un apprentissage guidé. Pour les personnes perdant tardivement la vue, qui sont majoritaires, cela peut être particulièrement difficile.

« J’aurais pensé qu’en balayant de gauche à droite, j’aurais la liste des films et qu’en double cliquant sur le film j’aurais tout ça. Là ça me perd. C’est quoi titre de niveau 3 ? On peut faire ça avec l’iPhone, passer de titre en titre ? Aaah mais je pense que c’est possible de passer de lien en lien. C’est à moi d’apprendre comment faire. »

Utilisatrice aveugle