Bonne pratique 1. Paramétrer les notifications au minimum par défaut.
Cette bonne pratique s’adresse à tous projets de services numériques. Elle est faisable, car la technologie est déjà existante.
a. Les problèmes des notifications non minimales.
Les utilisateur⸱ice reçoivent de nombreuses notifications chaque jour. Nous avons effectué une recherche utilisateur en 2024 sur 33 personnes. Nous avons trouvé une moyenne de 81,1 et une médiane de 76 notifications par jour (pour les 15 personnes pour lesquelles nous avons pu avoir accès au nombre exact de notifications reçues) (source étude sur l’usage des notifications de 2024).
Le nombre de notifications reçues par jour reste important d’année en année :
- En 2014, une étude in situ d’une semaine portant sur 15 utilisateurs de téléphones portables a recueilli des informations sur les notifications grâce à une application d’enregistrement de smartphone et à un journal en ligne qui évaluait les perceptions subjectives des participants. Cette étude a trouvé que les utilisateurs recevaient en moyenne 63,5 notifications par jour. (Pielot et al., 2014)(voir l’étude).
- En 2018, pour étudier les types de notifications et leur traitement, 794 525 notifications reçues par 278 utilisateurs ont été analysées. Le nombre médian de notifications reçues par jour était de 56, généré principalement par les applications de messagerie. (Pielot et al., 2018) (voir l’étude).
Le nombre important de notifications reçues par jour par les utilisateurs a un impact sur :
- leur stress avec la FOMO (fear of missing out). En 2015, une étude a demandé à 12 participants de désactiver les alertes de notifications pendant 24 heures (voir l’étude). Les résultats ont montré qu’au travail, certains des participants se sentaient moins stressés et plus productifs grâce au fait de ne pas être interrompus. Alors qu’en dehors du contexte professionnel, certains sont devenus stressés et anxieux parce qu'ils avaient peur de manquer des informations importantes et de ne pas répondre aux attentes des autres (Pielot & Rello, 2015).
« Quand j'allume mon téléphone le matin, je regarde si j'ai des notifications. Quand je fais une pause, ça dépend, mais je vais juste allumer mon portable et s'il n'y a rien. Il y a des fois où je clique sur Insta pour regarder »
« Mais tu as toujours le risque de louper quelque chose d'intéressant, si jamais tu loupes une notification »
« À un moment c'était vraiment la FOMO, la Fear of Missing. Il faut absolument que je lise tout et que je coche tout et que j'ai tout bien fait.»
« Mais j'ai le réflexe permanent d'aller checker si j'ai reçu quelque chose, c'est pas bien, je pense. »
- leur attention et leur productivité. En 2016, une étude sur les interruptions des notifications a cherché à savoir si ces interruptions pouvaient être à l'origine de l'inattention et de l'hyperactivité. L’échantillon de 221 participants, correspondant à la population générale, a vécu une semaine avec les interruptions téléphoniques maximisées (toutes les notifications allumées) et une semaine avec les interruptions téléphoniques minimisées (le minimum de notifications). Les niveaux d'inattention et d'hyperactivité étaient plus élevés lorsque les alertes étaient activées que lorsqu'elles étaient désactivées. Ceux-ci ont à leur tour prédit une baisse de la productivité et du bien-être psychologique (voir l’étude) (Kushlev et al., 2016).
«Ma concentration est assez faible, fragile, donc dès qu’il y a des bruits… .»
«Je sais que si je suis en train de travailler. Par exemple, si jamais j'entends le bruit des notifications, ça va forcément me déconcentrer. [...] Quand quelqu'un m'envoie un message, effectivement, je vais facilement avoir l'attention détournée, facilement avoir envie d'y répondre. »
Pourtant, peu d’utilisateur⸱ices modifient les paramètres par défaut des notifications pour les rendre plus minimales.
«Il faudrait que je les paramètre» «Je pense que c'est pas compliqué, mais c'est un peu... Un jour, faut que je m'y colle et je laisse un peu trainer ça.»
«c'est vraiment quand j'arrive à avoir un trop-plein, que je me penche complètement sur la question, pas forcément au démarrage. »
Par contre, certains utilisateurs peuvent choisir de désactiver l’application ou de la supprimer s’ils reçoivent trop de notifications.
«Si j'ai une appli qui m'embête trop avec les notifications, ça me pousse à la désinstaller. Donc, celles qui sont dures à piloter ou qui sont un peu trop gourmandes en notifications, je ne les ai plus sur mon téléphone.»
«Je supprime l'application, ça c'est quand même le plus radical, le plus facile.»
Voir, plus rare, de reconfigurer leur téléphone.
« Ça m'arrive régulièrement de faire une reconfiguration d'usine de mon téléphone. J'efface l'ardoise par rapport à l'historique dont tu parlais à je repars de zéro. »
C’est pourquoi il est important d’avoir des notifications les plus minimales possibles par défaut dès la conception du service numérique. Ne pas attendre de l’utilisateur qu’il diminue les notifications, mais, au contraire, lui proposer le minimum par défaut et de le laisser augmenter le nombre de notifications selon ces besoins.
«Un bon système de notification [...] serait de par défaut n’avoir aucune notification»
«Une majorité d'applications pourraient ne pas envoyer de notification d'office et que l'on ne soit pas obligé d'aller dans les paramètres pour les enlever que ça devrait être l'inverse. Si tu veux des notifications, tu dis et si tu n'en veux pas, bah voilà.»
«L'inverse entre guillemets, plutôt que de donner un accès total dès le début. Que c'est toi qui choisis, que ce soit un choix manuel, de les activer.»
«Qu'elles soient éteintes par défaut. Parce que tu as la majeure partie des gens comme mon mari, ils ne savent pas.»
b. Bonne pratique : Notifications minimales par défaut.
Dès la création de l’interface et/ou du service numérique, il est essentiel de penser quelles notifications sont essentielles et lesquelles ne le sont pas. Pour celles non essentielles, ne les activez pas par défaut, et laissez la main de l’utilisateur⸱ice.
Si vous ne savez pas quelle notification mettre par défaut, référez-vous à l’arbre de décision : « Quel type de notification ajouter ? ».

Exemple d’application avec de multiples notifications par défaut.
Dans cet exemple (à ne pas suivre), le logiciel RH affiche des notifications pour dire qu'on a lu les notifications.